lundi 5 novembre 2012

Rally de Mitt Romney à Fairfax

Alors que le scrutin approche à grands pas de ce côté-ci de l'Atlantique, je suis parti en mission digne des meilleurs journalistes d'investigation : une petite plongée dans l'électorat républicain lors d'un "rally" du gouverneur Romney, ici, à Fairfax (VA).

Tout commence par la longue attente pour rentrer dans le Patriot Center (salle d'attache des Mason's Patriots, l'équipe de basketball de l'Université), pas loin d'une heure et trente minutes, tout de même. Je récupère au passage mon premier (et seul) goody, un sticker "Romney/Ryan" que j'hésite à me coller sur le manteau, pour me fondre dans le paysage. Finalement, je me retiens, et préfère observer les électeurs les plus convaincus du candidat républicain. Globalement, l'électeur moyen républicain à Fairfax est blanc, souvent en déplacement avec sa petite famille (dont des enfants aux âges allant de quelques mois à la majorité - à croire qu'il n'y a pas d'école le lundi). On s'en doutait, me direz-vous...

Bref, on passe ensuite un bref passage "sécurité" de type aéroport, puis on commence à slalomer entre les files de personnes souhaitant acheter quelques rafraichissements ou nourriture à grignoter. Parce que oui, on vient à un meeting politique comme on va au cinéma. Hot dog, soda, nachos et même pop-corn vont accompagner les discours sur la réduction de la dette ou la hausse du budget de l'armée. Bienvenue en Amérique !

Enfin, seulement, on arrive dans la salle. Plutôt grande, et décorée dans un gout très... américain. Un immense drapeau siège au dessus de l'estrade d'où s'exprimeront divers candidats républicain, de la chambre des représentants jusqu'au poste présidentiel, flanqué de part et d'autre d'un écran géant, histoire de ne rien louper.


Vue d'ensemble de la salle pendant l'installation.

On attend le début du "rally" en écoutant quelques musiques bien américaines, jamais très loin du style country, entrecoupées par quelques spots publicitaires pro-Romney. Celui-ci est copieusement applaudi dans ces apparitions télévisées, alors qu'Obama est lui copieusement hué par la foule. Pendant ce temps, la salle se remplit, petit à petit... Jusqu'à atteindre 8 500 personnes, d'après les chiffres que j'ai pu lire sur le Washington Post.

Un premier orateur, hélas anonyme à mes yeux et à mes oreilles, nous acceuille, nous remercie d'être venu si nombreux soutenir le "futur président des Etats-Unis", puis laisse la place à un deuxième orateur, lui aussi anonyme pour moi. C'est là que je me suis vraiment senti... en pleine terre républicaine. Ce deuxième orateur a conduit une prière (oui oui, une prière) pour que Dieu accorde la victoire à Romney et qu'il protège l'Amérique. La foule écoute en silence, la tête baissée, les yeux fermés, et tout est conclu par un Amen. Imaginez-vous 8 500 personnes lâchant un Amen vigoureux, ça fait vraiment bizarre au sein d'un meeting politique. L'orateur se tourne alors vers l'immense drapeau derrière lui, main droite sur le cœur, imité par la foule, et récite le Pledge of Allegiance, le serment d'allégeance au drapeau des Etats-Unis : « Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la République qu'il représente, une nation unie sous l'autorité de Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous ». Le "rally" peut enfin commencer.

On voit défiler ensuite deux candidats pour la Chambre des Représentants (équivalent de l'Assemblée nationale) pour deux districts (équivalent des circonscriptions), M. Perkins et M. Wolf. L'un et l'autre vantent les mérites de Romney et jouent sur des thèmes qui leurs sont chers : Perkins sur l'armée, lui même étant un vétéran ; Wolf sur l'économie.

Nous avons ensuite droit à une entracte, mise à profit par l'équipe qui organise le "rally" pour distribuer des drapeaux américains, des panneaux "Romney/Ryan", "Moms for Romney" (les mères pour Romney) ou encore "Women for Romney" (les femmes pour Romney). On en profite aussi pour régler le pupitre et faire des ajustements de lumière. Pour nous occuper les yeux, on diffuse une publicité/documentaire court sur la vie familiale de Mitt Romney et sa carrière.

Nouvel orateur ensuite : George Allen, candidat au Sénat pour la Virginie. La parole passe ensuite à Bob McDonnell, gouverneur de l'Etat de Virginie. C'est à celui-ci que revient l'honneur d'introduire enfin Mitt Romney, et son épouse Ann. Je vous laisse juger par vous même de l'effet sur la foule...

L'arrivée du héros de l'Amérique républicaine...

Alors la, le show s'engage. Mitt passe la parole à Ann. Celle-ci lance un "nous serons bientôt voisins !" (allusion à leur hypothétique victoire et à l'installation à la Maison Blanche à Washington D.C.). Elle passe après quelques mots la parole à son époux. Le discours est assez générique, n'apportant rien de ce que l'on sait déjà. Ce qui m'a frappé, c'est l'échange du candidat avec la foule. Cette dernière ne se contente pas d'applaudir ou de huer le président Obama, mais elle répond à Mitt Romney, comme une foule reprendrait en cœur les paroles d'une chanson d'un artiste sur scène. Elle scande aussi régulièrement "One more day ! One more day !" (Encore un jour ! Encore un jour !) ou le traditionnel "U.S.A ! U.S.A !".

L'assistance scandant le fameux "One More Day ! " (Encore un jour)

Une fois le discours fini, Mitt Romney descend dans la fosse serrer quelques mains et salue l'assistance. 

 Coucou tout le monde !

Il s'apprête à aller parler aux personnes n'ayant pas pu rentrer dans le Patriot Center, à l'extérieur. Je m'y précipite et arrive juste à temps pour voir Mitt Romney s'exprimer une dernière fois sur une espèce de balcon. Il disparait finalement, en route pour un de ces deux derniers "rally" de cette journée de fou (pour lui s'entend) dans l'Ohio, puis dans le New Hampshire...

Mitt Romney, flanqué de sa femme Ann, s'exprimant en haut du balcon, à l'extérieur (désolé pour la qualité médiocre de la photo, j'ai dû utiliser le zoom numérique ! D'ailleurs, Romney lui-même et sa femme me regardent... J'ai dû me faire repérer avec mon drapeau suisse sur ma veste)

6 commentaires:

  1. T'as dû te croire dans une secte :)

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  2. Enoooooorme ! Pourquoi t'as pas mis le sticker hein ? C'est parce que t'aimes pas les blancs, c'est ça ? Tu n'es pas un bon citoyen américain ! Salaud ! C'est pour ça que tu t'ais fait trop griller par Mitt ! Ou alors c'est qu'il a cru que tu étais là pour lui signaler qu'il était à découvert sur son compte de campagne en suisse. Sur la photo il fait trop "Oh shit, already ?"ou "Jesus, this guy has no sticker... doesn't he like the colour or what ?"

    C'est absolument dingue quoi, comme un match de catch mais avec les gros ceinturons en moins. Sur la fin de la vidéo j'ai bien cru que Mitt allait sauter dans la foule et faire du crowd surfing.

    One morde day ! One more day ! Ah je suis trop fan, me voilà pro-républicain maintenant. Sont forts ces ricains o/

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    1. :p Je suis bien content d'y être allé, même si finalement il a été battu ! D'un simple point de vue sociologique, c'était déjà intéressant !

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  3. C'est... Comment dire... Bigger than life.
    Allez, je me lance dans le concours de superlatifs : on se croirait à un concert de Metallica sans les cheveux ^^

    Enfin, ça fait quand même une sacrée débauche de moyens pour prêcher à des convaincus.

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    1. Oui, c'est exactement ce que je me disais. Toutes les personnes présentes étaient déjà sûres de voter Romney. Sinon tu attends pas 2h dans le froid dehors... Et puis, au fil des débats, je me suis dit que c'était aussi un moyen de motiver ses troupes pour les dernières heures de démarchages, d'appel, etc. Donc ça se tient :p

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  4. J'ai découvert votre blog via "Une coccinelle à NY" et je le suis avec beaucoup d'intérêt. Ce reportage sur les élections vu de l'intérieur est vraiment instructif (je viens de travailler le sujet avec mes élèves alors ça m'intéresse d'autant plus!). Many thanks !

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